
VoP : sécuriser vos virements SEPA et anticiper les risques de fraude
La fraude aux virements bancaires représente un risque majeur pour les entreprises, avec des pertes estimées à 300 millions d’euros par an en France*. Pour y répondre, l’Union européenne impose à partir du 9 octobre 2025 la "Verification of Payee" (VoP) ou "Vérification du bénéficiaire" : un mécanisme de contrôle qui vérifie la correspondance entre le nom du bénéficiaire et l’IBAN avant exécution du paiement. Cet article propose un décryptage complet, des conseils pratiques et des exemples concrets pour accompagner les entreprises dans cette transition.
Suivre cette thématique pour rester informé
Un contexte marqué par la hausse des fraudes
Avec l’essor des paiements instantanés, les entreprises sont confrontées à des risques accrus : usurpation d’identité, faux fournisseurs ou modifications frauduleuses d’IBAN peuvent générer des pertes financières significatives et nuire à la réputation des entreprises. Selon les dernières études, la fraude sur virements B2B coûte plusieurs milliards d’euros chaque année en Europe. Dans ce contexte, la vérification du bénéficiaire (VoP) apparait comme un filet de protection essentiel.
La rapidité des virements ne doit jamais se faire au détriment de la sécurité. La VoP est un outil clé pour sécuriser vos virements SEPA, classique et instantané, et limiter les risques de fraude. Elle s'inscrit dans le cadre réglementaire européen plus large de la réglementation sur le paiement instantané (IPR), qui vise à donner confiance dans l’Instant Payment tout en protégeant les consommateurs et les entreprises.
Comment fonctionne la Verification of Payee ?
Le principe de la VoP est simple mais efficace. Lorsqu’une entreprise initie un virement, la banque compare le nom du bénéficiaire saisi avec l’IBAN fourni. Un retour en temps réel s’affiche, indiquant si la correspondance est parfaite, partielle ou inexistante.
Concrètement :
- Un message “Match” confirme que le bénéficiaire saisie correspond exactement aux informations liées au compte.
- Un “Close Match” signale une différence mineure, comme une faute d’orthographe ou une abréviation dans le nom de la société.
- En cas de “No Match”, la banque alerte l’entreprise qui reste responsable de la décision finale, que la saisie présente des différences majeures.
- Dans certains cas, la réponse peut être “Match Not Possible”. Cela signifie que la comparaison entre le bénéficiaire et le compte ne peut pas être effectuée. Ce statut exige une vigilance accrue de la part de l’entreprise, qui doit alors s’assurer par d’autres moyens de la légitimité du tiers.
Cas pratique : une PME saisit “Dupont & Filles” avec l’IBAN correct. Si le nom officiel enregistré est “Dupont et Fils”, la banque renvoie un “Close Match”. L’entreprise peut alors corriger le nom ou confirmer le paiement en toute connaissance de cause.
Les bénéfices attendus de la Verification of Payee
La vérification du bénéficiaire apporte plusieurs bénéfices majeurs. Elle réduit les pertes financières en détectant les incohérences avant l’exécution des virements, ce qui sécurise directement la trésorerie. Elle renforce également la fiabilité des flux financiers, offrant aux entreprises et à leurs partenaires une confiance accrue dans la bonne exécution des paiements.
Une entreprise capable de démontrer la fiabilité de ses processus de paiement gagne en crédibilité auprès de ses fournisseurs et partenaires commerciaux. La VoP n’élimine pas tous les risques, mais elle complète efficacement la vigilance humaine et les dispositifs existants.
Les limites et défis de la Verification of Payee
Malgré ses bénéfices, la VoP n’est pas sans contraintes. Les faux positifs, dus à des différences mineures dans les noms ou les abréviations, peuvent générer des alertes inutiles. Les entreprises réalisant des paiements en masse peuvent se retrouver avec un grand nombre de retours “Close Match” ou “No Match”, ce qui nécessite une prise en compte et un traitement additionnel.
De plus, l’efficacité de la vérification du bénéficiaire dépend de la qualité des bases de données des entreprises et de leur mise à jour régulière. Enfin, même en cas de retour défavorable, la responsabilité du paiement reste entre les mains de l’entreprise, ce qui implique vigilance et organisation.
La Verification of Payee est une avancée majeure, mais elle n’est pas une garantie absolue contre toutes les fraudes. Les entreprises doivent rester vigilantes et préparer leurs équipes aux différents scénarios.
Ce que la VoP change pour les trésoriers
La mise en œuvre de la Verification of Payee n’est pas qu’un enjeu technique : elle modifie en profondeur l’organisation quotidienne des équipes trésorerie, finance et comptabilité. Au-delà de la réduction du risque de fraude, son adoption implique de repenser les processus internes de validation des paiements et de renforcer la relation avec les partenaires bancaires.
Intégrer la VoP dans les procédures internes
Les alertes générées par la VoP (Close Match, No Match, Match Not Possible) nécessitent une gestion claire et documentée. Les trésoriers doivent :
- Définir une procédure de validation interne en cas de doute sur un virement.
- Former les collaborateurs à interpréter correctement les statuts VoP.
- Mettre à jour les circuits de validation dans l’ERP ou le TMS pour éviter les retards de paiements.
Anticiper les impacts technologiques
L’efficacité de la VoP dépend de son intégration dans les systèmes existants. Une interconnexion fluide avec les ERP, TMS et plateformes de cash management est essentielle pour maximiser l’utilisation du service et éviter les ressaisies ou les retards de paiement. Les trésoriers doivent s’interroger : “Comment mon système réagit-il si la VoP déclenche une alerte ?”.
Préserver la fluidité tout en renforçant la sécurité
Si la vérification du bénéficiaire peut rallonger certains délais de traitement, elle permet surtout d’éviter des pertes financières considérables. Une fraude réussie coûte en moyenne plusieurs dizaines de milliers d’euros à une entreprise (et parfois beaucoup plus), un risque bien supérieur au coût d’implémentation de la VoP.
Cas pratiques pour la trésorerie
- Un nouveau fournisseur étranger → la VoP renvoie “Match Not Possible" : prévoir une vérification alternative.
- Un changement de RIB d’un fournisseur historique → la VoP indique “Close Match” : alerte interne, vérification téléphonique obligatoire.
- Un RIB frauduleux transmis via un e-mail piraté → la VoP déclenche un “No Match” : le paiement n’est pas effectué, évitant une perte financière.
L’accompagnement de BNP Paribas
Chez BNP Paribas, nous accompagnons les entreprises au-delà de la simple mise en conformité :
- Conseil en organisation avec nos experts fraude et cash management.
- Solutions partenaires comme Sis ID pour renforcer la vérification des tiers.
- Intégration technique adaptée aux besoins des PME, ETI et grandes entreprises, en lien avec les équipes DSI.
L’enjeu pour les directions financières est double : intégrer cet outil dans leurs processus et garder une vigilance humaine. La VoP doit être vue comme une barrière supplémentaire, qui complète d’autres dispositifs comme la solution de notre partenaire Sis ID ou la sensibilisation des collaborateurs. C’est l’orchestration de ces leviers qui permet réellement de réduire les risques.
Pour aller plus loin : Nos experts ont analysé les impacts pratiques de la Verification of Payee et les bonnes pratiques à adopter. Retrouvez le replay de notre dernier webinar "VoP (Verification of Payee) : Nouveau Service Européen de vérification de compte. Vers la fin de la fraude au virement bancaire ?".
Le réflexe Ma Banque Entreprise, votre partenaire au quotidien |
Ma Banque Entreprise, votre point d’entrée unique pour vos interactions digitales avec la banque : pilotage des comptes et des paiements, assistance, e-signature, gestion des utilisateurs, consultation des encours crédits / leasing, métiers spécialisés (placements, garanties, salle des marchés, etc.). Cet espace sécurisé intègre les évolutions règlementaires "Verification Of Payee". |
*Source : Rapport de l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement 2024