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24 septembre 2024

[Témoignage] "La décarbonation de l’IT dépend de nous tous"

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Les entreprises investissent massivement dans les nouvelles technologies, incontournables au développement de leurs activités et à des innovations telles que l’IA. La conséquence est double : l’augmentation significative de l’empreinte environnementale de l’IT et de tous les projets associés. Rencontre avec Jérémie Veg, CEO de Sopht.

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L’écosystème IT des entreprises, qui comprend l’infrastructure On-Premise, le Cloud, le matériel, le réseau et le web, peut représenter jusqu’à 45% de leur bilan carbone total. Or, avec la Corporate Sustainability Reporting Directive (CSRD) en janvier 2025, les entreprises n’auront d’autre choix que de mesurer et piloter cette empreinte numérique. C’est précisément ce que propose Sopht avec sa solution green IT Ops. 

 

Quels leviers l’entreprise peut-elle utiliser pour amorcer la décarbonation de son IT ?


Jérémie Veg : Il y a trois principaux leviers à actionner pour initier une telle démarche :

  • L’acculturation des collaborateurs : c’est selon nous le meilleur point de départ pour s’assurer que tout le monde comprend bien les enjeux autour de l’accélération de la transformation numérique de notre société et nos organisations. Sans ces fondamentaux, il sera ensuite beaucoup plus compliqué de travailler des sujets de fond autour de la durabilité des équipements, la rationalisation des ressources liées aux infrastructures, l’écoconception de services numériques, etc.
  • La capitalisation sur les données existantes : les organisations regorgent de données. Données qui sont trop souvent sous-exploitées. Pourtant celle-ci reste un levier fondamental pour comprendre ce qu’il se passe au plus près des opérations IT d’une entreprise. Savoir la capter, l’interpréter et la resituer de la manière la plus intelligible et actionnable possible est un enjeu important pour Sopht dans une logique de décarbonation.
  • Le Sponsorship du Top Management : l’IT prend une place de plus en plus critique au sein des organisations (cf. tous les enjeux autour de la cyber et de la résilience des services numériques). C’est donc un terrain d’actions où le changement est compliqué. Sans une parfaite appropriation du sujet par le Top Management, il sera parfois difficile de faire des arbitrages entre :
    • “Sobriété Numérique” et “Sécurité”. Exemple : si j’allonge la durée de vie de mes équipements, est-ce que ces derniers sont toujours aussi bien protégés ?
    • “Sobriété Numérique” et “Coûts”. Exemple : si je décide de migrer une partie de mes applications d’un Datacenter A à un Datacenter B moins énergivore et plus efficient, est-ce que cela me coutera plus cher pour le Run de mes applications ?

Le Top Management reste la clé de voute d’une trajectoire pérenne de décarbonation. C’est la raison pour laquelle, nous essayons autant que possible à travers notre solution, de travailler un business case CO2/Euros favorisant la prise de décision.

 

Comment concilier ces impératifs environnementaux avec les avancées de l’IT et de l’intelligence artificielle ?


Jérémie Veg : “La technologie sera aussi éco-responsable que nous le serons”, ce n’est pas de moi mais c’est exactement ce que je pense. Il est essentiel d’évaluer les impacts et les conséquences de tout projet, tout investissement, mais surtout l’utilité ! L’utilité de digitaliser tel ou tel service ? Est-ce que oui ou non j’ai besoin d’IA pour m’aider dans cette tâche ? C’est là où nous ne devons pas nous laisser entrainer mais conserver notre esprit critique pour évaluer le besoin. Notre rôle chez Sopht, c’est aussi faire prendre conscience que tout n’est pas technologie et qu’il faut sans cesse garder la maîtrise du numérique. La technologie pourra aider l’écologie, si et seulement si nous serons capables de faire les bons arbitrages.

 

Devant l’ampleur de cet enjeu, est-ce que les PME peuvent contribuer aussi à cette décarbonation  ?


Jérémie Veg : Bien sûr et c’est toute la philosophie de la légende du colibri : c'est grâce à la somme des colibris que les choses changent. Tout le monde peut faire un pas vers cette écologie du numérique. J’ai déjà remarqué que beaucoup de démarches vers le Green IT viennent de collectifs de collaborateurs qui ont commencé à s’organiser, à en parler, à prendre des petites mesures, et pour finir, la démarche est récupérée par le top management qui y voit des avantages en termes de sens et de bien-être des équipes et ces démarches ont été accélérées. Il s’agit comme on l’a dit d’éviter le suréquipement, de faire durer, d’acheter reconditionné avec des labels aujourd’hui très sérieux, d’utiliser des serveurs dans des pays aux énergies décarbonées comme en France ou dans les pays scandinaves. Ensuite, la formation et la communication sont de vrais leviers pour responsabiliser les équipes.

 

Comment accompagnez-vous les entreprises dans leur démarche de décarbonation ?


Jérémie Veg : La mesure, le diagnostic, le plan d’action et le suivi pour corriger et se projeter. Et le plus important se situe au démarrage : la bonne compréhension de ce que recherche l’entreprise et de ses objectifs. Ensuite, nous avons désormais les bons outils : nos connecteurs branchés à l’écosystème IT de nos clients font remonter des données pour évaluer l’empreinte environnementale de nos clients. Ensuite, nous les accompagnons dans leur trajectoire de décarbonation en fonction de leur profil et des leviers qu’ils vont pouvoir activer. Grâce à nos outils de simulation, ils vont se projeter dans le temps et simuler leur impact CO2, pour décider de leur plan d’action en s’appuyant sur les données à la fois financières et CO2. Les connecteurs continuent à mesurer et donc permettent de suivre les évolutions.

 

Et si vous aviez un ou deux conseils à donner à des décideurs pour faciliter leur décarbonation ?


Jérémie Veg : Frugalité numérique et économie vont de pair et c’est très important pour un chef d’entreprise, quelle que soit sa taille. Ensuite, quand l’entreprise commence à en parler, initie une démarche, teste la maturité des équipes sur ce sujet de l’empreinte du numérique, elle a souvent de très bonnes surprises avec des gens totalement prêts à capitaliser sur une durée de vie plus longue de leurs équipements ou pour le reconditionné. Lorsque l’on part d’une analyse fondée sur l’utilité d’un équipement, son coût et son impact, les décisions deviennent très souvent éco-responsables. Démarrer petit mais penser grand ! Et ne pas hésiter à faire appel aux institutions et associations au résultats maintenant éprouvés et très « aidantes » dans cette démarche de décarbonation.

 

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