[Matières Premières] La géopolitique au cœur des préoccupations

ENERGIE

Malgré une dernière semaine de l'année en repli (-2.57% pour la référence Brent), les prix du pétrole sont orientés à la hausse aujourd'hui en raison des tensions en mer Rouge. L'Iran déclare avoir envoyé un navire de guerre après que la marine américaine ait confirmé avoir ciblé des bateaux rebelles Houthis durant le week-end. Pour rappel, les attaques contre la marine marchande en mer Rouge ont conduit à des détournements de porte-conteneurs et de cargos provocant la déstabilisation d'une partie de la logistique mondiale de matières premières. Selon certains analystes, c'est moins la fluidité du transport mondial que les développements géopolitiques de cette crise qu'il convient de surveiller. Cette hausse des prix du pétrole est aussi portée par les perspectives d'une demande chinoise en produit brut qui s'améliore : en effet, les raffineurs et négociants privés chinois ont reçu, de manière anticipée et pour toute l'année 2024, leur allocation à importer du pétrole, ce qui est une première.

Les prix du gaz ont également terminé l'année 2023 en repli, les références TTF et PEG cédant respectivement -6.72% et -5.16% sur les 5 derniers jours de l'année, dans le prolongement des semaines précédentes. Ce matin, les prix du gaz fluctuaient aux alentours de 30 EUR/MWh pour le 1^er contrat de référence, ce qui constitue un point bas de début septembre. Alors que le vieux continent peut toujours compter sur un niveau de remplissage des réserves très satisfaisant pour la période (86.51% pour la moyenne européenne), les analystes attendent une vague de froid qui pourrait impacter sensiblement à la hausse la consommation en gaz de chauffage, en particulier au Royaume-Uni et en Allemagne, à partir de ce week-end et pour les jours suivants. Néanmoins, la demande modérée en gaz de la part de l'industrie et l'augmentation de la part de l'énergie produite à partir de renouvelables pourraient agir comme amortisseur à la hausse de prix.

En solitaire, le prix du certificat CO² (EUA) enregistre un gain de +1.93% sur la dernière semaine de 2023, pour traiter aux alentours de 74 EUR/tonne aujourd'hui, et met ainsi en suspens la baisse du prix observée ces dernières semaines.

MÉTAUX

Les métaux de base du LME ont quasiment tous terminé la dernière semaine de l'année 2023 dans le vert. L'Aluminium enregistrait un gain de +2.49%, le Nickel +0.57% et le Zinc +2.19%, seul le Cuivre terminait en légère baisse avec -0.17% sur les 5 derniers jours. L'aluminium débute 2024 aux alentours de 2,400 USD/tonne : il s'agit d'un niveau élevé au regard des prix de marché observés sur le second semestre 2023. Il faut remonter au mois d'avril pour voir la tonne de métal se négocier dans ces mêmes prix. Mais le marché est inquiet en raison d'un incident qui a eu lieu en Guinée fin décembre. Le pays, qui possède les plus importantes réserves mondiales de bauxite, a connu une explosion au principal dépôt de carburant à Conakry impactant l'exploitation minière et aussi le transport de ce minerai. Les analystes redoutent des perturbations de l'approvisionnement du bauxite pour les fonderies chinoises (la Guinée représente environ 70% des importations chinoises de bauxite, minerai qui est ensuite raffiné en alumine). Plus globalement, les analystes s'interrogent pour 2024 et les grands thèmes resteront les mêmes pour les métaux : faible croissance économique mondiale, nombreuses incertitudes politiques (élections présidentielles aux Etats-Unis, en Russie, en Inde, etc.) et perspective de baisse des taux directeurs américains.

Du côté des métaux précieux, l'Or a terminé la dernière semaine 2023 en légère hausse, +0.48% et démarre 2024 aux alentours de 2,075 USD/once : le lingot a terminé 2023 en hausse de +13%. Et cela dans un contexte marqué de fortes tensions géopolitiques (l'or jouant son rôle de valeur refuge par excellence) et porté par des perspectives d'assouplissement de la politique monétaire américaine au mois de mars prochain. De nouveau, les analystes seront attentifs à la publication des chiffres de l'emploi américain cette semaine, chiffres qui leur permettront d'affiner leur projection par rapport à l’orientation de la politique monétaire de la Fed.

AGRICULTURE

Du côté des grains, la dernière semaine de l'année aura été marquée par le calme et la stabilité dans les prix : le 1^er contrat Blé Meunier Euronext enregistre un très léger gain de +0.23% tandis que le contrat Maïs concède lui, une baisse de -0.50% sur les 5 derniers jours. Après avoir débuté 2023 aux alentours de 310 EUR/tonne, le prix du blé aura baissé tout au long de l'année, pour se stabiliser finalement vers 220 EUR/tonne. Dans un marché très incertain, les analystes continueront d'observer avec la plus grande attention l'évolution des tensions géopolitiques internationales et les décisions de politiques monétaires qui auront, en 2024 comme chaque année, beaucoup d'impact sur le prix des grains.

Du côté des softs, après une année 2023 très mouvementée, le Sucre #11 New-York et le Cacao Londres terminent l'année en légère baisse dans un marché assez calme, avec respectivement -0.19% et -1.43% sur les 5 derniers jours. On retiendra de 2023 l'impressionnante envolée des prix du Cacao ; en effet, les pluies incessantes en Afrique de l'Ouest au début de l'année et les perturbations d'approvisionnement qui ont suivi ont envoyé son prix au-delà de 3,500 GBP/tonne, un niveau de prix absolument jamais vu. Et l'optimisme n'est pas de mise pour 2024 chez les amateurs de chocolat : certains analystes mettent en avant le fait que les prix ne baisseront pas dans l'immédiat, toujours portés par une offre réduite en fève et une demande toujours au rendez-vous, malgré des prix élevés.

Retrouvez ici le bulletin de la semaine du 19 décembre 2023.

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