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22 août 2024

[Matières Premières] Bilan de l’année 2023 et perspectives pour 2024

salle des marchés

Chaque semaine, nos experts vous proposent de faire le point sur les positions de marchés des matières premières et plus encore. Retrouvez les analyses du 19 décembre. Bonne lecture !

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ENERGIE

Globalement, les marchés énergétiques ont enregistré un fort repli au cours de l'année 2023.

Depuis le 1er janvier, la référence européenne du pétrole, le Brent, a reculé de plus -10 % pour s'échanger en cette fin d’année aux alentours de 77.00 USD/baril. Malgré les tensions au Proche-Orient, région abritant de nombreux producteurs de pétrole, et les décisions de l’OPEP+ de réduire sa production globale de brut, les craintes d’une récession généralisée et les perspectives de demande au plus bas ont pris le pas et pesé sur les marchés pétroliers. Nos analystes estiment que le baril est aujourd'hui faible au regard des fondamentaux. Ainsi, pour 2024, notre scénario privilégié reste un prix du pétrole en hausse, autour de 80-85 USD/baril. Plusieurs scénarios sont toutefois envisagés en fonction de l’évolution de l'activité économique, de la position de l’OPEP+ et des tensions géopolitiques. L'augmentation de l’offre hors OPEP permettrait au marché d’être moins dépendant des décisions de l’OPEP réduisant ainsi la volatilité.

Du côté du gaz européen, l’année 2023 fut particulièrement mouvementée. La référence TTF a chuté de plus de -50 % sur l'année pour atteindre 33 EUR/MWh en cette fin d’année. Les principales raisons sont : un hiver 22/23 particulièrement doux, des stocks historiquement élevés, une adaptation sous-estimée face aux interdictions d’approvisionnement en Russie, ainsi qu’une reprise économique mondiale au ralenti. Les resserrements monétaires entrepris par les banques centrales ont également mis sous pression les prix des matières premières. Les perspectives pour l’année 2024 sont un prix du TTF se stabilisant autour de 45 EUR/MWh dans un contexte de reprise de la demande industrielle, d'une hausse des importations de GNL par la Chine et d'un possible apaisement du contexte géopolitique.

Pour ce qui est des certificats CO², le prix a fortement baissé sur 2023 et s’échange désormais aux alentours de 67.00 EUR/mt, soit une baisse de -17 % depuis le début de l'année. En 2024, la tonne de CO² devrait être portée par l'accélération de l'économie mondiale. Plus structurellement, le prix actuel serait sous-estimé selon nos analystes. Les besoins en couverture vont en effet augmenter dans les secteurs du maritime, de l'aviation et de la papeterie. Les EUA pourraient s’échanger au-dessus des 100 EUR/mt entre 2026 et 2030 afin d'encourager la réduction des émissions nécessaire à l’équilibre du marché.

 

MÉTAUX

L'année 2023 a également été très agitée pour les métaux de base. A l'exception du Cuivre et de l'Etain, qui ont affiché de légères hausses, les autres métaux se sont fortement repliés depuis début janvier : le Nickel (-45%), le Zinc (-15%), le Plomb (-10%) et l'Aluminium (-4%). Globalement, la baisse des coûts de l'énergie, le durcissement des conditions monétaires et les difficultés économiques en Chine ont favorisé la détente des cours des métaux industriels. Plus spécifiquement, la chute du Nickel a été l'un des faits marquants de l'année sur les marchés des métaux, il a récemment atteint un plus bas depuis 2 ans (à 16,600 USD/mt) avant de se reprendre légèrement. Cette dynamique négative est due à une importante production en provenance d'Indonésie, l'un des principaux acteurs au niveau mondial. La progression de la capacité de production chinoise devrait contribuer en 2024 à maintenir une offre abondante sur le marché du Nickel. Pour l'Aluminium, la demande du secteur automobile continuerait de peser sur son cours en 2024, mais la dépréciation du dollar limiterait la baisse du marché. 

Du côté des métaux précieux, la valeur refuge par excellence qu’est l’Or a fait ses preuves cette année. Celui-ci enregistre un gain de plus de +11 % en 2023 sur la bourse de New-York. Globalement, les prix de l’or ont été rythmés à la baisse par les hausses continues de taux d’intérêt aux États-Unis, et à la hausse par les évènements géopolitiques (conflit au Proche-Orient le 7 octobre 2023), la crise bancaire aux États-Unis (mars 2023) et le niveau du billet vert pendant l’année (hausse de janvier 2023 due à la faiblesse du dollar à ce moment). En tendance de fond, les prix de l’or ont également fluctué grâce aux achats par les différentes banques centrales du métal, toujours dans l’idée d’un mouvement de « dédollarisation » de l’économie mondiale. Les prix du Platinum et du Palladium (et dans une moindre mesure de l’Argent) ont baissé sur fond de ralentissement économique global et d’une production automobile plus faible. Néanmoins, on constate une baisse moins forte pour le Platinum (-12 %) comparé au Palladium (-34 %). En effet, les deux métaux sont affectés par le ralentissement économique, mais l’utilisation du Palladium se voit réduite dans l’industrie automobile, en plus d’un arbitrage du Palladium vers le Platinum en tant que substitut. De plus, les prix du Platinum ont connu une hausse marquée en avril-mai du fait de pannes de courant et des défis opérationnels en Afrique du Sud (principal producteur du métal précieux).

 

AGRICULTURE

Du côté des grains, le constat est clair sur 2023 : la baisse a dominé sur tous les fronts. En cause, deux facteurs majeurs. D’une part, le gain de parts de marché de la Russie à l’exportation (notamment dans les pays nord-africains) et les exportations ukrainiennes qui trouvent de bons débouchés au sein de l’Union Européenne. D’autre part, l’appréciation du cours de l’EUR/USD sur l’année qui constitue un désavantage pour les exportations de céréales européennes (comparé à la faiblesse de la paire en 2022). L’année 2023 a également vu la fin de l’initiative céréalière de la mer Noire, mettant un terme au corridor d’exportation des céréales ukrainiennes par décision unilatérale de la Russie. Concrètement, le Blé Meunier et le Maïs ont affiché leurs niveaux de prix les plus élevés en début d’année 2023 et ont constamment baissé tout au long de l’année pour atteindre respectivement -28 % et -33 % à ce jour. La volatilité sur les marchés des céréales restera un vrai sujet sur l’année 2024, avec des incertitudes venant notamment d’Amérique Latine du fait du phénomène climatique "El Niño" qui impactera la culture, l’organisation des récoltes ainsi que les semis de la région.

S’il y a une matière première agricole qui aura été sous le feu des projecteurs en 2023 c’est sans nul doute le Cacao, dont le prix s’est littéralement envolé cette année. La tonne de fèves s’échange actuellement contre 3,550 GBP à Londres et affiche une progression impressionnante de +72 % depuis le début janvier 2023. C'est un record de prix pour le Cacao sur la bourse internationale ICE et ce, après une année 2022 qui avait déjà été très porteuse (+21 %). Alors pourquoi le prix du cacao a-t-il autant progressé ? La raison principale de cette évolution se trouve dans les conditions météorologiques. En effet, les deux premiers pays producteurs de Cacao, que sont la Côte d’Ivoire et le Ghana qui représentent à eux deux quasiment 60% de la production mondiale, ont été fortement touchés par des perturbations climatiques et en particulier par le phénomène bien connu "El Niño". D’abord touchés par la sècheresse, les deux pays producteurs ont ensuite été touchés par de fortes pluies qui ont amené un retard de développement et des maladies aux fèves. In fine, l’offre s'est réduite dans le marché, ainsi que le niveau des stocks (ICE affiche une réduction de près de -40% depuis 5 mois).

En baisse de près de 20 % depuis fin novembre, le Sucre affiche tout de même une hausse de plus de +6 % sur l'année 2023. La chute récente s'explique par le caractère rassurant des annonces venant du Brésil, avec une production du Centre-Sud en hausse de +23.1 % pour la campagne agricole 2023/24 jusqu'à la mi-novembre. Sans cette baisse, le sucre affichait une hausse de 40 % sur l’année à 27.97 $c/lb, motivée par les évènements climatiques et notamment le phénomène "El Niño" avec une sécheresse en Thaïlande (-36 % de production y/y. à un plus bas de 17 ans) et en Inde, impactant forcément l'offre et notamment les exportations de ces pays.

Retrouvez ici le bulletin de la semaine du 11 décembre.

 

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