[Matières Premières] Bilan de l’année 2024 et perspectives 2025
Chaque semaine, nos experts vous proposent de faire le point sur les positions de marchés des matières premières et plus encore. Retrouvez les analyses du 16 Décembre. Bonne lecture !
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ENERGIE
Globalement, les marchés énergétiques ont enregistré une forte volatilité sur l’année 2024. Depuis le 1er janvier, la référence européenne du pétrole, le Brent, a reculé de -2 % pour atteindre environ 74.00 USD/baril en cette fin d'année. Malgré les tensions au Moyen-Orient - région abritant de nombreux producteurs de pétrole - et les décisions de l’OPEP+ de reporter la relance de production à 2025, les fondamentaux baissiers sur le prix du pétrole ont pris le dessus avec notamment la demande en berne du côté de la Chine et l’élection de Donald Trump. Pour 2025, notre scénario privilégié reste un prix du pétrole relativement stable. Plusieurs autres scripts sont toutefois envisagés en fonction de l’évolution de l'activité économique, de la position de l’OPEP+ et des tensions géopolitiques. L’administration américaine de Trump pourrait aussi influencer fortement le prix de l'or noir avec un dollar fort, une production de pétrole accrue et des droits de douane supplémentaires.
Du côté du gaz européen, l’année 2024 fut particulièrement mouvementée. La référence TTF a augmenté de +36 % sur l'année pour atteindre aujourd'hui 40 EUR/MWh. Cette hausse s'explique en particulier par des températures hivernales inférieures aux normales de saison, impliquant une baisse marquée du niveau des stocks, ainsi que par la fin de l’accord de transit du gaz entre l’Ukraine et la Russie. D'autres facteurs liés notamment aux tensions géopolitiques ont également joué un rôle. En 2025, nous anticipons un prix du TTF se stabilisant autour de 40 EUR/MWh dans un contexte d’incertitude autour de l'approvisionnement et d’un atterrissage délicat des stocks à la fin de l’hiver mettant la pression sur l’offre.
Pour ce qui est des certificats CO², le prix a fortement baissé en 2024 et s’échange désormais aux alentours de 63.00 EUR/mt, soit une baisse de -12 % depuis le début de l'année. En 2025, la tonne de CO² devrait être portée par l'accélération de l'économie mondiale. Plus structurellement, le marché n’a pas encore atteint sa maturité, le prix actuel serait sous-estimé selon nos analystes. Les besoins en couverture vont en effet augmenter dans le secteur maritime, de l'aviation et de la papeterie. Les EUAs pourraient s’échanger au-dessus des 100 EUR/mt entre 2026 et 2030 afin d'encourager la réduction des émissions nécessaire à l’équilibre du marché.
METAUX
A l'exception du Nickel et du Plomb, les autres métaux de base cotant sur la Bourse des métaux à Londres ont tous nettement progressé en 2024. L'Aluminium a progressé de +11.54 %, le Cuivre de +5.95 %, le Zinc de +18.10 % et l'Etain de 15.54 %. Globalement, ces marchés ont été portés par un assouplissement des politiques monétaires du côté des Etats-Unis et de la zone euro. Les investisseurs ont, de plus, anticipé un rebond de la demande chinoise sans que celle-ci ne se matérialise vraiment. Plus en détail, l'Aluminium a été sensiblement affecté par la perturbation des exportations d'alumine, matière essentielle à la fabrication d'aluminium, depuis la Guinée. Ces problèmes d'approvisionnement se sont ensuite étendus à l'Australie et à la Jamaïque. Du côté du Zinc, malgré une demande ralentie, le cours a progressé dans un contexte de resserrement du marché, les stocks au niveau des entrepôts du LME ayant eu tendance à diminuer. Le Nickel a évolué à l'inverse des autres métaux londoniens en enregistrant une recul de -4.30 % sur l'année écoulée. En effet, le marché devrait finir en excédent l'année 2024. Le Nickel pourtant essentiel à la transition énergétique at aux batteries, est aujourd'hui arbitré au profit d'autres métaux. Pour 2025, des incertitudes fortes demeurent concernant en premier lieu l'impact macroéconomique des éventuelles hausses de barrières douanières par la nouvelle Administration américaine. En résumé, nous anticipons un recul du prix du Cuivre face au renchérissement du dollar américain, une hausse du prix de l'Aluminium, le marché devant entrer en déficit l'an prochain, un retrait du Zinc avec un allègement des contraintes d'offre et, enfin, une performance négative du Nickel dans un marché toujours en surplus.
Du côté des métaux précieux, les faits marquants de l'année passée résident dans les hausses enregistrées par l'Or et l'Argent, ces métaux ayant atteint de nombreux records en 2024. L'Or en particulier a joué à plein régime son rôle de valeur refuge, dans un contexte mondial marqué par des risques géopolitiques accrus et des incertitudes politiques importantes, aux Etats-Unis comme en Europe. La détente des conditions monétaires a également favorisé la montée de l'Or. Pour l'année qui vient, nous restons haussier pour le métal jaune, qui devrait toucher de nouveaux points haut au 1er semestre.
AGRICULTURE
C'est bel et bien du côté des matières premières que l'on trouve les deux plus fortes progressions en terme de prix sur 2024, toutes matières premières confondues, et les lauréats sont... le Cacao et le Café ! A date, le prix d'une tonne de Cacao Londres a progressé de +150 % depuis le 1er janvier : un acheteur de cacao devait dépenser environ 3,500 GBP/t au début de l'année alors qu'il doit débourser plus de 9,200 GBP/t pour la même quantité aujourd'hui ! Cependant, l'évolution n'a pas été linéaire. En effet, après avoir atteint plus de 10,000 GBP/t au mois d'avril, les tensions se sont quelque peu dissipées pendant 6 mois. Cela sous l'effet d'une météo plus clémente mais, aussi et surtout, de la sortie de certains fonds spéculatifs des marchés à terme et du retrait de certains acheteurs physiques en raison des prix qu'ils jugeaient injustement élevés. En octobre dernier, la tonne de fèves est donc revenue sur un point bas d'environ 4,900 GBP/t mais certains analystes pensaient, à raison, que ce repli n'était que temporaire. Les cours du cacao sont ensuite repartis à la hausse et ont quasiment doublé en raison d'une météo beaucoup trop humide après un été déjà trop sec. Ces aléas ont eu de graves conséquences sur les plantations de Côte d'Ivoire, pays qui représente environ 40 % de la production mondiale. Aujourd'hui, les producteurs signalent une recrudescence des maladies telles que celle dite des "cabosses noires" ou encore la présence de ravageurs dans les plantations. Le défi qui se présente aujourd'hui à l'industrie du cacao n'a certainement jamais été aussi grand alors que les arbres nouvellement plantés vont mettre plusieurs années avant de produire des cabosses.
Avec une progression de +69 % à date sur 2024, le Café Arabica occupe donc la deuxième place du classement et c'est encore une fois les conditions climatiques qui sont en grande partie à l'origine de la hausse des prix. La livre de graines de café n'a tout simplement jamais couté aussi cher : son prix a dépassé les 3.35 USD/la livre le 10 décembre dernier ! Le Brésil, premier producteur mondial de cette variété a successivement enchainé la pire sécheresse en 70 ans suivi d'un épisode de pluies diluviennes, entre les mois d'août et d'octobre. Et dans le même temps, le Vietnam, premier producteur mondial de Robusta (variété reconnue comme étant moins noble que l'Arabica) a connu une météo beaucoup trop sèche, ce qui a entrainé une forte baisse de la récolte d'environ 17 % selon les analystes. En raison des possibilités d'arbitrage actuellement réduites et des fortes craintes planant au-dessus de la qualité des récoltes à venir, les prix du café ont flambé en 2024 pour dépasser le plus haut niveau jamais observé depuis ... 1976.
Evolutions des matières premières en 2024
Retrouvez ici le bulletin de la semaine du 09 Décembre.
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