Matières Premières : baisse des énergies fossiles, l'or en hausse

Energie

Vers un retour du pétrole et du gaz Russe ?

• Sur fond de négociations pour la paix entre la Russie et l’Ukraine, le cours du 1er contrat ICE Brent poursuit sa baisse et clôture à 61.12$/bbl (-4.13%) ce vendredi 12 décembre.
  • Les investisseurs ont accueilli avec une attention particulièrement positive l’actualité autour des discussions pour la paix, anticipant un assouplissement des sanctions économiques envers la Russie, et le retour de son pétrole sur un marché déjà surabondant. 
• Le cours du 1er contrat ICE Gasoil clôture à 627.68 $/bbl en fin de semaine à -6.07%  sur 5 jours, sous l’influence baissière du Brent.
• Au niveau du gaz, on constate une continuité de la tendance générale de ces dernières semaines. Baisse en Europe, montée aux US :
  • Sur un fond d’anticipation d’assouplissement des sanctions envers la Russie, et du retour du gaz Russe sur le marché européen, les contrats Front Month TTF (Pays-Bas) et PEG (France) gagnent autour de +1% chacun à la semaine (TTF 27.50 eur/mwh, PEG 26.67 eur/mwh), ayant tout de même atteint un point bas sur 12 mois mercredi 10 décembre.
  • Concernant le gaz naturel américain, le contrat front month Henry Hub perd 22% sur la semaine et clôture à 4.11 $/mmbtu, plombé par les anticipations de retour du gaz russe.
  • En hausse de 5.66% sur cinq jours, le contrat Front month French Power Baseload clôture vendredi à 68.44 eur/mwh.
  • Cette hausse est constatée suite à la publication de températures prévisionnelles en deçà des normales de saison annoncées pour la semaine de Noël en France.

Dans la catégorie des infos un peu plus “hors-marché”, on note que le palier des 100% de puissance (1.66 Gwh) a été atteint durant quelques heures ce dimanche 14 décembre par l’EPR de Flamanville lors d’un test mené par EDF dans le cadre de la phase de démarrage du nouveau réacteur.

Métaux

Base metals : prudente correction chez les métaux de base

• Après un rallye de près de 8 % ces dernières semaines, atteignant un sommet historique de 11 952 USD/MT, le cuivre a enregistré une correction de 0.91 % sur la dernière semaine pour clôturer à 11 674,5 USD/MT. Ce repli s’explique par une vague de ventes d’actions technologiques américaines qui a ravivé les craintes d’un ralentissement de la demande, notamment liée à l’IA. Nous rappelons que le cuivre est le métal le plus sensible aux mouvements de ces titres. 
  Le rallye de +30 % YTD, amorcé après la décision de la Fed de réduire les coûts d’emprunt et de réviser à la hausse ses prévisions de croissance, est soutenu par une offre tendue (arrêts imprévus de mines, capacité des fonderies supérieure à la production) et une demande fortement en expansion grâce à la transition énergétique (énergies renouvelables, réseaux électriques). D’après certains analystes, le marché sera confronté à une véritable tension de l’offre, plaçant le cuivre en déficit et entraînant une hausse durable des prix.
• De la même manière et pour les mêmes raisons, l’aluminium, perçu comme une alternative moins chère au cuivre, suit cette tendance de repli. Dans un contexte global haussier, l’aluminium perd 1% sur la semaine pour clôturer à 2 877,5 USD/MT.
• On observe enfin une hausse de l’étain de 3,17 % sur la semaine, à 41 030 USD/MT. La progression à long terme du cours de l’étain s’explique principalement par une forte tension sur l’offre mondiale, liée aux perturbations de production au Myanmar et en Indonésie, deux pays clés du marché, combinées à une offre structurellement peu flexible. Cette contrainte intervient alors que la demande reste soutenue, notamment dans l’électronique, les semi-conducteurs, le photovoltaïque et l’automobile. Sur un marché étroit et peu liquide, ces déséquilibres sont amplifiés par de faibles niveaux de stocks et par les anticipations des investisseurs, ce qui accentue la hausse des prix.

Precious Metals : une progression constante

• Sur la semaine, l’or a progressé de 6.3 % pour clôturer à 4 343 USD/Oz. Globalement, l’or est resté proche de ses niveaux records avant de reculer légèrement vendredi dans un mouvement “risk off”. Les investisseurs sont préoccupés par la valorisation des actions technologiques et les perspectives de hausse des coûts d’emprunt aux États-Unis, tandis que les prévisions de prix de l’or dépendront des attentes de baisses de taux de la Fed l’an prochain. Cette année, l’or a gagné plus de 60 % et l’argent a doublé, leurs meilleures performances depuis 1979. Certains analystes anticipent un prix de 4 900 USD d’ici fin 2026, grâce aux achats continus des banques centrales et aux flux privés soutenus par un assouplissement monétaire.
• Encore une fois, l'argent suit l'Or et progresse de 2.18%  pour clôturer la semaine à 63,36 EUR/Oz. Le métal gris a vu sa valeur plus que doubler cette année, dépassant ainsi l’augmentation de 60 % enregistrée par l’or, et a récemment bénéficié d’un regain d’optimisme alimenté par les attentes d’un assouplissement de la politique monétaire de la Fed lors de sa dernière réunion de l’année.

Agriculture

Grains européens : une semaine difficile pour le Blé et le Maïs

• Le contrat Blé Meunier pour livraison Mars 26 cède -1.56% sur les 5 derniers jours et la tonne de grains clôture la semaine sous le seuil des 190 euros. Globalement, les fondamentaux sont souples : l'offre est très abondante et la demande reste assez timide.
• En outre, la concurrence est forte, notamment du côté de l'Argentine qui abaissé ses taxes à l'exportation, faisant des cargaisons argentines "les moins chères du monde actuellement". Et ce sont les chinois qui saisissent la balle au bon en achetant leur première cargaison de blé argentin depuis 1990.
• Enfin, la hausse de l'Euro face au Dollar US qui est passé de 1.1650 à 1.1750 en fin de semaine dernière, est forcément un frein supplémentaire pour le grain européen.

Le Cacao en hausse, le Café en baisse et le Sucre rebondit

• Du côté des Softs, les contrats à terme sur le Cacao Londres bondissent de +15.52% sur les 5 derniers jours et enregistrent leur 3ème semaine consécutive de hausse, portée par des achats réalisés par des fonds et une révision à la baisse du surplus mondial 2024/25. De plus, les spécialistes rapportent que le gouvernement de la Côte d'Ivoire a autorisé le régulateur de l’industrie du cacao (Conseil du Café-Cacao) à acheter environ 200.000 tonnes de fèves auprès des producteurs. En effet, la chute des cours mondiaux a entamé les marges des exportateurs locaux, rendant plus difficile le paiement des contrats à terme convenus à des niveaux plus élevés avec le régulateur. En revanche, ils soulignent aussi que le CCC devra ensuite revendre ces fèves sur le marché international, ce qui pourrait exercer une pression supplémentaire sur les prix.
• Le prix de la livre de Café Arabica a perdu -2.23% sur les 5 derniers jours, touchant un plus bas depuis plus de trois semaines, sous l’effet des attentes d’une hausse de l’offre brésilienne, principal producteur mondial. Le Brésil devrait produire entre 46,5 et 49 millions de sacs (vs  37,7 millions la saison précédente), soutenu par de fortes pluies.
• Enfin, les contrats à terme sur le Sucre #11 New York enregistrent une hausse de +2.03% sur la semaine écoulée, la plus forte en presque un mois, alors que les investisseurs réduisent leurs positions courtes avant les fêtes de fin d’année. Cette hausse intervient après une forte exposition baissière due aux prévisions d’excédent mondial. Le recul est partiellement limité par les ventes des sucreries brésiliennes, tandis que les bonnes perspectives de récoltes en Asie, notamment en Inde, et les précipitations supérieures à la moyenne attendues au Brésil pour décembre‑janvier, soutiennent l’offre future.

Pour aller plus loin

Pour suivre l’évolution des marchés, consultez le précédent bulletin daté du 8 décembre 2025 “Matières Premières : Métaux en hausse, gaz européen poursuit sa baisse”.

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