08 janvier 2025

Femmes dans la Tech : la diversité est un facteur de performance

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Deux femmes au service de celles qui créent leur entreprise : Laure-Emmanuelle Filly et Cathy Robin, dans le cadre de ConnectHers by BNP Paribas, œuvrent pour mettre le pied à l’étrier de femmes entrepreneurs, trop réservées, trop peu sûres d’elles alors qu’elles ont tout pour réussir. Dialogue sur le vif avec ces deux passionnées, acquises à leur cause.

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Vous accompagnez au quotidien des femmes qui ont choisi de se lancer dans la création de leur start-up. Quel constat faites-vous de la place des femmes dans les domaines d'avenir comme la Climate Tech, l’IA et la Deeptech ?

Cathy Robin : J'ai la chance à travers le Centre d’Affaires Innovation Île-de-France de BNP Paribas d’être en relation avec ces start-uppeurs et start-upeuses - 1 400 quand même – qui dessinent l'économie de demain et qui en seront les grandes entreprises. Je suis dans l'avenir en permanence, avec des personnes qui ont une énergie à revendre ! Mais, comme le montrent les études, il y a encore trop peu de femmes à la tête de start-ups en général et de la Deeptech en particulier. Notre rôle est d’encourager les femmes dans leur décision de créer leur structure et de les soutenir pour qu’elles prennent toute leur place car, trop souvent, elles ne sont pas visibles. Alors que c’est avéré, la diversité est un facteur de performance. Je suis convaincue que cette « discrétion » remonte à l’éducation même puisque la sous-représentation des femmes s’observe dès les filières technologiques et scientifiques (30 % des étudiants). Or, les startups de la Deeptech naissent dans les grandes écoles d'ingénieurs françaises ou dans des laboratoires de recherche, légèrement plus mixtes.

 

Est-ce que cette sous-représentation des femmes dans la tech est également vraie à l’échelle nationale ? En quoi ce constat a amené au partenariat ConnectHers1 x Le Galion2 ?

Laure-Emmanuelle Filly : Effectivement, la sous-représentation des femmes est générale dans l'économie française, et plus importante encore au sein de l’écosystème des start-ups de la tech : seules 13 % des start-ups sont créées par des équipes mixtes, et seulement 7 % par des femmes exclusivement3. Notre dispositif ConnectHers a été lancé sur la base de ce constat avec pour objectif de faire progresser ces chiffres. Cela, en instaurant un environnement favorable, en mettant en relation les femmes entrepreneurs avec les bons acteurs, en les informant des réseaux d'accompagnement de l'entrepreneuriat au féminin et en leur ouvrant les portes de programmes comme celui que nous développons avec Le Galion, ou avec d’autres partenaires comme Sista.

Nous reprenons volontiers à notre compte le moto de la co-fondatrice de Sista, Tatiana Jama : « Il faut compter les femmes pour que les femmes comptent. » Nous ne pouvons pas laisser 80 % des startups de la tech être créées par des équipes exclusivement masculines parce qu'il y a un biais qui s'opère, et notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle.

 

Pourquoi Le Galion ?

Laure-Emmanuelle : Le Galion a approché BNP Paribas ConnectHers il y a un peu plus de trois ans en découvrant notre ambition et notre programme. L’équipe du Galion, très largement masculine jusqu’alors, voyait en nous un formidable levier pour gagner en mixité et en diversité. Le Galion est en effet un think tank regroupant des entrepreneurs de la tech à succès, et il est le reflet de la réalité économique : trop peu de startups de la tech fondées par des femmes, d’où leur souhait il y a 3 ans d’aller sourcer davantage de startups féminines. La beauté du Groupe BNP Paribas, c’est que nous avons énormément d'expertises, en particulier dans l’innovation avec notre dispositif WAI. C’est une merveilleuse opportunité pour Le Galion, car nous avons pu leur proposer de sourcer de nouveaux membres en lançant des promotions de startups féminines de la Tech issues notamment de notre dispositif WAI. 

Cathy : Le Galion apporte l’aura de ses membres, souvent des mentors pour ces femmes, parce qu’ils sont des entrepreneurs qui ont vraiment réussi dans la tech : Pierre Kosciusko-Morizet, fondateur de PriceMinister, ou Jean-Baptiste Rudelle cofondateur de Criteo et du Galion avec Agathe Wautier. Tous les membres de ce collectif ont créé, développé voire vendu leur société, et ils sont dans une optique de transmission et de partage d'expériences. Le Galion dispose d’un carnet d'adresses et d’une expérience très apprenante pour de jeunes créatrices.

 

Au travers de ce partenariat, une douzaine d’entreprises sont sélectionnées pour participer à ce programme d’une année. Comment les candidates sont-elles choisies ?

Laure Emmanuelle : Il y a une sélection de 12 fondatrices environ par promotion. En premier lieu, nous organisons un appel à candidatures : Le Galion auprès de ses membres et nous auprès de nos WAI chez BNP Paribas sur la base de 4 critères de sélection :

  • Être fondatrice opérationnelle d’une entreprise tech ;
  • Avoir levé au moins 3 M€ auprès d’au moins un fonds en capital-risque ;
  • Être parrainée par deux membres du Galion ;
  • Participer à l’état d’esprit du Galion : donner et recevoir pour continuer à développer cette intelligence collective qui fait avancer l’écosystème Tech en France.

A partir de cette présélection, le jury, composé de deux membres du Galion, deux représentantes de BNP Paribas (Cathy et moi) et deux alumnis, évalue les dossiers : business model, taille de marché, secteur d’activité, et nous sommes de plus en plus sensibles à la dimension RSE et au respect de nos valeurs.

Cathy : Il y a ces critères techniques objectifs, mais au moment où il faut trancher, nous allons porter notre attention à l’équipe, aux personnalités, à leur conviction, à la façon dont elles ont conçu leur projet et le défende, leur expérience, etc. Entre deux projets similaires, nous pouvons avoir un coup de cœur c’est sûr !

Laure Emmanuelle : Nous essayons aussi d’évaluer ce que peut leur apporter le Galion : est-ce que notre programme pourra les aider à aller plus vite, plus loin ? Il y a des startups qui réussissent tellement bien que finalement nous ne sommes pas certaines de pouvoir leur apporter un vrai plus.

Cathy : De l’autre côté, nous regardons ce qu’elles peuvent apporter au collectif.

Nous avons rencontré, par exemple, une fondatrice qui avait déjà levé beaucoup de fonds et qui se développait très bien. Et nous avons tout de suite pensé que le Galion, lui, avait besoin d'elle. Parce qu’une femme qui a levé 30 millions d’euros, peut apporter énormément au collectif pour témoigner de ce qu’elle a fait, du pourquoi et du comment elle l'a fait.

Laure Emmanuelle : Elle devient un role model ! Elle est inspirante, elle donne de l’énergie à celles qui en en ont moins ! Du côté ConnectHers, nous allons la valoriser au travers de notre page LinkedIn pour montrer aux jeunes femmes que oui, elles peuvent y arriver. Cela contribue au cercle vertueux que nous cherchons à mettre en place.

 

Avez-vous eu des coups de cœur ?

Laure Emmanuelle : J'en ai plusieurs en tête, et notamment celle de Clémence Lejeune et Jeanne Theuret, cofondatrices de Sorella Care qui viennent de lever 5 millions d'euros. Elles ont créé un espace santé pour prendre soin des femmes de la plus jeune à la plus senior et elles cherchent à étendre leur initiative née à Issy-les-Moulineaux.  Leur objectif est de déployer ces centres médicaux ailleurs et de réunir tous les spécialistes de la santé des femmes.

Je pense aussi à Fairly Made, co-créée par Laure Betsch et Camille Le Gal, qui a réussi à séduire de grands acteurs de la mode comme SMCP (Sandro, maje, Claudie Pierlot). Elles ont développé une plateforme digitale qui permet aux marques de tracer leurs produits, de réaliser des analyses de cycle de vie (ACV) et d’évaluer l’impact social de la fabrication des vêtements.

 

Quels conseils donneriez-vous à une femme qui souhaite se lancer dans la création de son entreprise ?

Cathy : Maintenant, si je devais donner un conseil… ce serait « oser », oser faire et oser croire en elles. Avoir cette confiance qu’ont les hommes de créer parce qu’elles en ont le droit, les capacités, les compétences, l’énergie !

Et j’ajouterai juste après : savoir s'appuyer, s'entourer, échanger partout, et pas uniquement dans sa sphère.

Laure Emmanuelle : C'est ce que j'allais dire. Et être ambitieuses, du lancement au financement de leur projet en sachant s'entourer, y compris dans la sphère privée, et s'associer avec les bonnes personnes, des personnes positives et solaires parce que ce n’est pas évident de créer son entreprise. C’est une course d’endurance ! C’est pour cela que nous proposons à ces femmes de networker, et de rejoindre des Clubs, réseaux, associations… c’est cela notre valeur ajoutée : les connecter au bon moment à la bonne personne. Alors que trop souvent, les femmes entrepreneurs sous-exploitent les réseaux.

Les lignes bougent quand même et nous, nous sommes là comme un accélérateur de ce mouvement pour permettre à ces femmes de grandir et de disposer des moyens, des codes pour parler à leurs investisseurs, à leurs banquiers, à leurs homologues. C’est cela notre mission.

 

 

ConnectHers by BNP Paribas X Le Galion : Retrouvez la promo #4

Un programme qui accompagne les entrepreneures dans la croissance de leur start-up au travers d’évènements sur-mesure et de rencontres inspirantes. 

 

 

  

Eden BANON-LAGRANGE

Nūmi

     

Barbara BELVISI

Interstellar Lab

          

Joséphine BOURNONVILLE

Omie

           

Asmaa CHAKIR ALAOUI

VelyVelo

 

Charlotte COURTOIS

OmnyAI

 

Chanez DJOUDI

Beev

  

Pauline GLIKMAN

Payflows

 

Julie MACHILLOT

Storyfox

 

Emmanuelle MARTIANO ROLLAND

AQEMIA

    

Juliette POIRET

La Tournée

    

 

1 #ConnectHers est un programme lancé par BNP Paribas en 2017 pour accompagner les femmes dans le développement de leurs projets entrepreneuriaux, mettre en place les conditions de leur réussite et promouvoir l’égalité hommes-femmes.

2 Le Galion, créé en 2015 par Jean-Baptiste Rudelle (co-fondateur de Criteo) et Agathe Wautier, rassemble aujourd’hui 450 entrepreneurs autour d’une ambition commune : fédérer les fondateurs et fondatrices d’entreprise de la Tech et décupler leur capacité à construire le monde de demain.

3 Source : Baromètre Sista x BCG publié en 2023