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25 septembre 2024

La RSE, entre pression & motivation : une opportunité pour les PME/ETI

Aujourd'hui, aucune entreprise n'échappe aux enjeux liés à la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE). L'importance accordée à ce sujet est déjà croissante dans les grandes entreprises, et il est aussi dans l'intérêt des PME et des ETI de structurer cette démarche pour un développement pérenne de leurs activités.

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Au même titre que les Etats, les grandes entreprises et la population civile, les PME et les ETI doivent contribuer activement à la réduction de leur impact environnemental tout en prenant en compte l’impact qu’elles peuvent avoir sur la société. Bien que certaines d'entre elles craignent le temps qu’elles devront accorder à ce sujet, notamment en ce qui concerne les démarches administratives, il est aujourd’hui clair qu’elles n’auront bientôt plus le choix. Et plus qu’une contrainte, elles doivent prendre conscience que la RSE est avant tout une formidable opportunité de développement.
 

Face à des pressions grandissantes 


Les PME et ETI font face à des pressions externes qui les encouragent ou les contraignent à opter pour des stratégies RSE concrètes et efficaces. 

La pression vient des clients, des donneurs d'ordre, des investisseurs, des banquiers, des talents à recruter, de toutes les parties prenantes de l'entreprise.
Bettina Grabmayr, Directrice de la méthodologie chez EcoVadis

Les réglementations, dont le nombre continue d'augmenter ainsi que les tailles d'entreprises concernées, restent le moteur principal de l’engagement des PME et ETI dans la RSE. 

A titre d'exemple, la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) élargit significativement le nombre d’acteurs économiques concernés par les rapports extra-financiers. Appliquée progressivement à partir de 2025 (sur les données 2024) et étendue en 2026 (sur les données 2025), elle impose que toute entreprise respectant au moins 2 des 3 critères suivants fournisse un reporting extra-financier et réalise un bilan carbone : 

  • 25 millions d’euros de bilan ;
  • 50 millions d’euros de chiffre d’affaires ;
  • 250 salariés.


On constate donc que ce qui auparavant était une démarche purement volontaire va très bientôt devenir pour de plus en plus d'entreprises une pratique obligatoire et normée.

Autre source de pression : les investisseurs. Selon une étude menée par EY en 2020, 96% des investisseurs interrogés indiquent que les sujets RSE jouent un rôle clé dans la prise de décision lors d’un investissement1. Les entreprises ayant de bonnes performances ESG (Environnementale, Sociale, Gouvernance) sont particulièrement valorisées. Les fonds de Private Equity sont férus d’Investissements Socialement Responsables (ISR), en témoigne l'encours de l’investissement responsable en France qui a enregistré une hausse de 33% par rapport à 2020 selon l’Association Française de la Gestion financière2

Si ces chiffres reflètent l’intérêt croissant de nombreux investisseurs, la stratégie RSE et la performance ESG seront demain une condition sine qua non au financement des entreprises.

Si l’on se fie au nombre d’entreprises à mission en France qui a plus que septuplé depuis la création de cette qualité par la Loi Pacte en 2019 ou encore au marché des véhicules électriques qui a doublé en un an en Europe, on constate un intérêt grandissant des clients et consommateurs pour les enjeux sociaux et environnementaux.
D’après une étude menée par OpinionWay pour BNP Paribas, 64% des consommateurs exigent des entreprises et des marques qu’elles contribuent positivement à la société, et 53% sont aujourd’hui prêts à payer davantage pour des produits issus d'une entreprise engagée3. Ils ont ce que l’on appelle “le pouvoir du caddie”, en privilégiant les produits et services durables et responsables ou en boycottant ceux ayant un impact négatif sur la société. 
 

Tirer profit d'une stratégie RSE efficace 


Au-delà des contraintes, la RSE est avant tout une formidable opportunité pour les entreprises. Pour en faire un véritable levier de différenciation et d’enrichissement, elle doit être intégrée dans une stratégie globale et venir guider l’évolution des offres d'une entreprise mais également prendre en compte tous les ajustements nécessaires en matières de production, d'organisation opérationnelle ou de stratégie RH. 
D'ailleurs, si certaines entreprises ont une stratégie “Impact by design”, c’est-à-dire qu’elles incluent dès leur création une offre ayant un impact positif sur la société ou la planète, d’autres comme Décathlon ont fait évoluer leur stratégie pour mieux se réinventer. Dans le contexte économique actuel, réduire les matières, l’énergie, les ressources consommées ou encore diminuer au maximum les émissions de déchets sont des leviers de rentabilité et de réduction des coûts.

Au-delà d’un vecteur de performance et de création de valeur, la RSE est aussi un moyen de fidéliser talents et partenaires. De nombreux secteurs sont en tension sur les problématiques de recrutement et de rétention des talents. C’est le cas par exemple des secteurs du numérique, de la tech et de l’industrie. 

Une stratégie RSE qui permet aux salariés d’être alignés avec leurs valeurs et de donner du sens à leur travail s’inscrit parfaitement dans cette démarche RH. Selon une étude menée par Global Tolerance4, la moitié des Millennials préfère un travail utile à un salaire élevé. Et 53% travailleraient plus intensément s'ils apportaient un changement pour les autres. 

La RSE a un impact non négligeable sur l'image de marque de l'entreprise. Ce lien de causalité entre RSE et réputation s’est exacerbé pendant la crise sanitaire de la COVID-19. Les consommateurs se sont montrés plus attentifs à la participation des entreprises aux enjeux solidaires et éthiques qu’impliquait la crise. Selon une étude réalisée par Reputation Institute5, l'image que nous avons d’une entreprise s’appuie pour 42% des personnes interrogées sur ses réalisations en matière de RSE. De nombreuses études de cas prouvent que les marques socialement et environnementalement responsables ont une clientèle plus fidèle. Non seulement susceptibles d’acheter davantage, ces clients sont aussi de fiers ambassadeurs, notamment sur les réseaux sociaux. 

Bien qu’il soit nécessaire de bénéficier d’une image de marque positive, les risques liés au greenwashing (le fait, pour une entreprise, de diffuser un message sur son engagement écologique qui soit trompeur) sont réels. En effet, l'entreprise s’expose à un risque réputationnel plus élevé. 

La RSE est aussi un excellent moyen de stimuler l’innovation. Intégrer les préoccupations sociales et environnementales permet à l’entreprise d’évoluer et de renforcer sa compétitivité en proposant de nouvelles offres ou services tout en se différenciant de la concurrence.

Afin d’avoir un développement durable de son activité, il est nécessaire d'intégrer aujourd'hui les enjeux environnementaux et sociétaux dans une stratégie portée par la direction de l'entreprise et qui va au-delà des stratégies traditionnelles. Pour être la plus efficace et concrète possible à tous les niveaux de l'entreprise, la RSE doit être appréhendée comme un enjeu de transformation fort et un outil  pour imaginer de nouveaux modèles économiques.
Dorothée Julliand, Responsable Offre et Animation Finance Durable chez BNP Paribas Entreprises

1. “Vers une interconnexion entre la finance et la RSE”, EY France

2. “La gestion investissement responsable en France”, Association Française de la Gestion financière

3.  “Les Français et la perspective d’une économie plus durable", sondage réalisé par OpinionWay pour BNP Paribas et Les Echos

4.  “Comment la Génération Y va (peut-être) sauver le monde des entreprises ?”, YouMatter

5.   “RSE & Impact Positif : comment construire un discours orienté B2B ?”, Reputation Institute