Rencontre avec Chloé Bernard, DG du Groupe Bernard

Il y a quelques mois, vous avez écrit “Les garages ont toujours fait partie de ma vie”. Vous pensiez-vous prédestinée à reprendre les rênes de l’entreprise familiale ?

Chloé Bernard : Rejoindre l’entreprise familiale n’était pas une évidence. Après avoir grandi à Bourg-en-Bresse, dans les garages, j’avais surtout envie de découvrir d’autres horizons. C’est mon frère, Cédric, qui m’a convaincue de le rejoindre dans l’entreprise. À 30 ans, j’ai saisi l’opportunité de vivre cette formidable aventure professionnelle et familiale, chose que je n’avais pas imaginée dix ans plus tôt.

Votre actionnariat n’est plus 100 % familial. Qu’est-ce que cette ouverture vous a apporté ? 

Chloé Bernard : Nous détenons 60 % de l’entreprise. Depuis 2019, les 40 % restants appartiennent à la famille Frey, via la filiale française de leur groupe Emil Frey. Ce type d’association repose sur une gouvernance claire et un dialogue constructif. Par ailleurs, cette collaboration nous permet de bénéficier de synergies sectorielles et de mutualiser certaines expertises opérationnelles, au service de notre performance financière et du développement de nos activités. Plus largement, je crois profondément au modèle de l’entreprise ouverte, qui permet de mutualiser les risques, de s’adapter plus facilement aux évolutions du marché et de partager les savoir-faire comme les ressources. Fidèle à cette philosophie, le Groupe Bernard compte aujourd’hui plusieurs sociétés en joint-venture.

Le groupe Bernard a fêté ses 100 ans en 2021. Comment parvient-il à tirer son épingle du jeu sur la durée ?

Chloé Bernard : Pour réussir sur le temps long, nous devons exceller dans l’exécution, avec le souci constant du détail. Ma formule favorite : “Retail is detail” ! Placer le client au cœur de nos priorités, innover sans relâche, diversifier nos activités et viser l’excellence opérationnelle à chaque étape sont les principes qui nous ont permis de traverser les décennies. Ces fondements continuent aujourd’hui de guider notre développement.

Quels sont les leviers privilégiés par le groupe pour faire face aux nombreux défis du secteur des transports (technologiques, environnementaux…) ?

Chloé Bernard : La mobilité est un besoin fondamental. Pour répondre à ses évolutions, nous concentrons nos efforts sur plusieurs axes. L’électrification d’abord, qui représente une formidable opportunité en offrant à la fois une nouvelle motorisation et une solution pour la planète. Nous nous engageons donc pleinement dans la démocratisation du véhicule électrique. Nous conjuguons également responsabilité sociétale et environnementale, comme par exemple le don de véhicules à Solidarauto (réseau de garages solidaires qui œuvre contre l’exclusion professionnelle par la mobilité) ou à certaines associations comme, récemment, le Foyer Notre-Dame des Sans-Abris de Lyon et le Centre Communal d’Action Sociale de Bourg-en-Bresse.
La transformation digitale est un autre levier stratégique, y compris pour des activités opérationnelles comme les nôtres. Nous travaillons en particulier à la dématérialisation de certains processus et au déploiement de l’intelligence artificielle pour accompagner nos équipes dans le traitement des requêtes courantes. Enfin, nous investissons dans la formation et le développement des compétences de nos collaborateurs, qui sont au cœur de toutes ces transformations. 

L’an dernier, vous avez été lauréate FWE40 dans la catégorie ETI. Que représente cette distinction pour vous ?

Chloé Bernard : Je choisis mes engagements avec soin, car j’ai peu de temps. Mais j’ai éprouvé une grande fierté à l’idée de rejoindre un programme porté par BNP Paribas. Dans notre métier, nous ne pouvons exister sans nos partenaires bancaires, qu’il s’agisse de financer la croissance externe ou le besoin en fonds de roulement. Le fait que ma chargée d’affaires ait proposé et soutenu ma candidature est le signe d’une confiance réciproque qui m’a touchée. Cette distinction représente aussi une formidable ouverture humaine et professionnelle. J'évolue dans un secteur encore très masculin, et intégrer un réseau féminin de cette envergure est précieux. Chaque rencontre nourrit ma vision et m’aide à faire un pas de côté dans un quotidien très pris par l’opérationnel. Je pense par exemple à Nathalie Balla, ancienne directrice générale de La Redoute et marraine de notre promotion FWE40, dont le parcours m’inspire et me stimule.

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